Blanc comme neige

Il y a des semaines où l’on sait exactement ce qu’on veut raconter.

 

Celle-ci en fait partie. Nous sommes en décembre et j’avais envie de retrouver quelque chose. Une sensation ancienne, enfouie quelque part dans mes souvenirs d’enfant. Ce blanc-là. Cette neige qui recouvre tout et qui, d’un coup, met le monde en sourdine.

 

Vous savez, ce silence particulier des paysages enneigés. Celui où les bruits des hommes sont étouffés, où les sons ne portent plus, où chaque pas crisse doucement sous les pieds. J’ai toujours aimé ça. Cette impression que la vie s’est arrêtée, alors qu’en réalité, sous le manteau blanc, elle se prépare doucement au printemps.

 

Cette semaine, j’ai cherché à me souvenir de ce monde-là.

Je l’ai trouvé dans les courbes d’une prairie où deux sapins veillent à l’horizon. Dans un jeu de clair-obscur où un seul rayon de soleil vient réveiller une forêt endormie. Dans le reflet parfait d’une tourbière ancestrale, miroir silencieux qui dédouble la réalité.

 

J’ai photographié un petit sapin. Pas de guirlandes. Pas d’artifices. Juste la neige qui l’habille, comme un cadeau simple et vrai. Et puis ces courbes minimalistes, sculptées par le vent sur un tapis blanc, une image où il n’y a presque rien, et pourtant tout l’essentiel.

 

Ce qui me frappe à chaque fois, c’est le contraste. On pourrait croire que la neige uniformise tout, efface les détails. C’est le contraire. Elle révèle. Elle souligne. Elle crée des lignes jusqu’alors inexistantes, des ombres nouvelles, des textures insoupçonnées. Mais pour les voir, il faut avoir gardé cette capacité d’émerveillement. Celle de l’enfance, justement.

 

Je crois que c’est ça que je voulais partager cette semaine. Pas seulement des images de neige. Mais une invitation à regarder autrement. À retrouver cette lenteur, cette attention aux choses simples.

 

Les Vosges en hiver ont ce pouvoir. Elles nous ramènent à l’essentiel. Au silence. À la contemplation. À ce blanc qui n’est pas une absence, mais une présence douce et enveloppante.

 

Blanc comme neige. Comme dans les souvenirs. Comme dans les rêves d’enfant qui reviennent parfois, intacts, quand on prend le temps de les chercher.