Dans la lumière sourde des matins brumeux, fiévreux, c’est à toi que je pense. A ton souffle qui m’habille. Cette bouche qui me vêt. À tes caresses feutrées. À nos cris étouffés.

Dans la lueur blanchâtre des aubes de l’hiver, au creux de toi, enfin le froid se tait. J’apprends à respirer. J’oublie les jours blêmes, ceux où je n’essaye plus. D’avancer. Me relever. Ceux où les ténèbres m’engloutissent et me mordent la chair. Fatiguée. Ceux où les forces m’abandonnent et la vie me torpille. À bout.

Dans le petit jour engourdi, je m’abreuve de clarté, la tienne et des mots que tu prononces, chuchotés comme un secret au creux de mon oreille. Je m’éloigne de ce chemin boueux que j’ai l’habitude d’arpenter, m’aventure en nature, me laisse glisser. Des draps à tes bras. Chute ascensionnelle. Peau effleurée. Sens exacerbés.

Dans ces réveils nacrés, la glace enfin brisée, je songe à ton corps qui m’enserre et me sauve de moi. Je peux fermer les yeux. Je n’ai plus peur ni du temps qui s’écoule ni de celui qu’il fait.